Quel est le premier album que tu t'es acheté?
C'était les Beatles, «Abbey Road» et «Sergent Pepper». Puis je suis tombé dans Led Zep'.
Quel est le dernier album que tu t'es acheté?
Aucune idée … Je crois que c'était un album de West Montgomery, mais je suis vraiment pas sûr.
Quel a été ton premier concert?
Aucune idée non plus. Ca devait être un concert manouche. J'ai toujours été à des concert, depuis tout jeune, il y avait de toutes façons tout le temps des concerts à la maison.
Comment et pourquoi es-tu arrivé à la guitare?
J'y suis depuis tout petit, car mon père était musicien. Il est mort maintenant depuis une quinzaine d'années. Donc j'étais dans la musique dès tout petit, on jouait beaucoup, on chantait en famille. Depuis ma plus tendre enfance, je jouais du piano, je chantais, on chantait en chœur, je bricolais quoi. Et à la mort de mon père il n'y a plus eu de musique à la maison, et j'ai vraiment senti qu'il me manquait quelque chose. Alors j'ai trouvé ce que j'aimais vraiment, parce que c'est quand les choses ne sont plus là que tu te rends compte de l'importance qu'elles avaient vraiment. J'ai compris que c'était ça «mon truc». Puis un mec m'a un jour proposé de me montrer comment tenir une guitare, qui accompagnait mon père à l'époque. Il m'a montré mes premiers accords et j'ai choppé le virus. Puis j'ai continué en autodidacte, j'avais une douzaine d'années à l'époque et depuis j'ai continué à apprendre tout seul.
Quelle à été la première fois où tu es monté sur scène?
La toute première fois j'avais 6 ans. Je faisais du piano classique à l'époque et je jouais du Bach, du Chopin, des choses comme ça. Puis la première fois avec un groupe j'avais 12 ans, c'est à cet âge que j'ai commencé à faire des concerts régulièrement. Ca fait déjà 13 ans que je fais des concerts. C'était un groupe de rock qui s'appelait «Crossing Road», mais il y a eu des dizaines et des dizaines de groupes différents par la suite.
J'ai vu sur Internet que tu participais à de nombreuses formations tziganes et russes? Tu es originaire des pays de l'Est?
Par mon père je suis moitié breton, et par ma mère belge/portugais!
Mais effectivement je fais beaucoup de tzigane russe, de roumain, yougoslave … J'ai jamais arrêté le jazz manouche mais je fais beaucoup de choses à côté, de différents styles, comme le trio «Tzar». C'est aussi parce que je joue de nombreux instruments: contrebasse, basse balalaïka, piano, batterie, harmonica chromatique, je chante aussi. Je ne fais que ça, tout le temps, de la musique, depuis des années. Je fais des tas de choses à côté du manouche mais je n'en parle pas, pour que cela surprenne les gens quand ils me voient où ils ne m'attendent pas.
 
En ce moment, tu es dans combien de groupes?
Je suis constamment dans une dizaine de groupe. Mais il y en a certains avec lesquels je fais des pauses, parfois de deux ans. Ca fait un an et demi que je suis avec Sanseverino en tournée, juste avant j'ai fais une tournée de 6 mois en ex-Yougoslavie avec un chanteur croate qui s'appelle Carko Rundek * … On faisait de la musique qu'on appelle «World» maintenant. C'était une sorte de fusion entre le tzigane, le rock et le reggae. Alors avec ces deux ans de tournée j'ai dû mettre en pause plein de groupes. Mais j'ai aussi pas mal de trio russes, de trio tziganes russes, de groupes yougoslaves, même de groupe de rock … J'ai pas tourné beaucoup en international, presque dans toute la France, et donc en Europe de l'Est. Mais c'est une histoire sur plus de dix ans et c'est dommage, j'ai pas le temps de tout vous raconter!!!
* : En 2003, tournée avec le «Rundek Cargo Orchestra»
Et le «Trio Pouliquen»?
C'est un groupe que j'ai monté il n'y a pas longtemps, mon groupe. Je suis avec deux accompagnateurs: un contrebassiste merveilleux, Mathieu Block et un guitariste rythmique, Mathieu Châtelain, qui est spécialisé dans l'accompagnement manouche, vraiment une des meilleurs pompes que j'ai rencontré. Mais en fait le vrai groupe est un quartet, il y a un saxophone ténor en plus. Mais on joue parfois à quatre, parfois a trois, donc c'est annoncé soit «Trio Pouliquen», soit «Quartet Pouliquen»! C'est une forme manouche, mais avec beaucoup d'arrangements jazz, ça ouvre un peu le manouche.
Comment a commencé ton aventure avec Sanseverino?
En fait je connais Hervé Legeay depuis des années, bientôt dix ans qu'on joue ensemble et qu'on vadrouille. Quand Hervé à commencé avec Stéphane, il m'a dit: «Il faut trop que tu viennes le voir, c'est un fou furieux il est génial tu vas adorer!». Effectivement je suis allé le voir et j'ai vécu le meilleur concert de toute ma vie … j'ai vraiment halluciné. C'était juste après «Les voleurs de poules», c'était encore bien rock n'roll, Hervé était partagé entre la guitare manouche et la guitare électrique, il y avait un batteur, c'était complètement différent. Il m'a présenté Stéphane, on a vite sympathisé.
Puis un jour j'ai remarqué que Stéphane venait me voir jouer très souvent. En fait il cherchait un guitariste pour son prochain album, «Les sénégalaises» et pour sa première tournée. A la fin d'un concert il est finalement venu me voir pour me demander si ça m'intéressait de faire un essai. On a fait un essai, et ça a collé, et voilà, c'est parti comme ça. Ca fait donc un an et demi qu'on joue ensemble, et a peu près quatre, cinq ans qu'on se connaît, sans trop se fréquenter. Je joue tous les soirs, lui presque, donc comme tous les mecs du métier on se croise surtout. Au départ on s'aimait bien parce qu'on était copain avec Hervé tous es deux, c'est un peu la référence, quand t'es copain avec Hervé Legeay, c'est pas pour rien!!!
Mais j'étais vraiment enchanté quand il m'a proposé de faire ça parce donc je revenais d'une tournée de six mois en ex-Yougoslavie, en Bosnie, en Serbie, on a fait cinquante ou soixante concerts là bas … Et a mon retour j'ai tout de suite enchaîné avec la tournée de Stéphane et ça m'a fait du bien, parce qu'on faisait du swing et ça m'avait quand même manqué de pas en faire.
Quels sont tes projets maintenant que la tournée des sénégalaise est finie?
Et bien j'ai mon quartet, avec un album dont les compositions sont en cours de préparation, pas encore toutes écrites.
Tu composes?
Oui, c'est moi le chef d'orchestre!!! Quelques textes aussi, ainsi que des textes écrits par ma mère, mais pour l'instant c'est très instrumental. Je ramène des textes petit à petit, mais je voudrais qu'ils soient en français … enfin je veut dire en bon français, que les textes soient puissants, et pour l'instant je ne suis pas encore satisfait, alors je me concentre sur la partie instrumentale. On enregistrera dans le courant de l'année 2005, mais je ne sais pas encore quand. C'est mon principal projet personnel.
J'attends aussi d'avoir le temps et l'argent de remonter un groupe pop/rock qui est en pause depuis deux/trois ans, avec plein d'instruments. Un groupe avec beaucoup de conneries, très deuxième degré … qui reprend des musiques des années 70 et 80, un groupe très très kitsch! Le groupe s'appelle Dallax, un mélange de Dallas et de film X!!
Pour finir que t'as apporté l'aventure avec Sanseverino?
Ben je suis surtout très content pour lui! Après en ce qui me concerne ma route je la trace tout droit, que je fasse des trucs plus ou moins grand c'est la même chose. Je prend autant de plaisir à jouer dans un petit bar que dans une grande salle avec Stéphane, c'est ça le principal. C'est sûr que c'est bien, ça touche un large public, tout le monde me voit jouer sur scène et il y a des gens que ça intéresse, ça va sûrement m'aider pour mes projets à moi. Mais surtout je suis content de pouvoir servir la musique de Stéphane, parce que je trouve que c'est vraiment un mec extraordinaire, qui mérite énormément, qui à besoin d'être reconnu. Stéphane Sanseverino à mon avis ça va devenir une référence qui va traverser ce début de siècle …Je suis vraiment content d'avoir participé à ce truc là, mais je suis pas show-biz, pour moi ça veut rien dire. C'est bien d'un côté parce que ça permet de jouer dans de belles salles, de rencontrer pleins de gens, de faire des choses dans plein d'autres domaines mais pour moi la musique c'est la musique, et c'est pas ça. Le show-biz n'a rien à voir avec la musique, y'a la musique, et y'a le métier, c'est pas pareil.
Pour toi, c'est la musique qui compte, avant tout le reste.
Exactement. Mais c'est mon métier aussi. Ma passion c'est la musique, et j'en ai fait mon métier, donc je suis obligé de faire très attention où je mets les pieds. Il ne faut pas que je me fasse niquer, pour pas niquer ma passion. Par exemple, même si on me proposait une somme énorme pour faire une grosse tournée par exemple avec … je vais dire n'importe qui c'est un exemple … si on me proposait une fortune pour jouer avec Hallyday je ne le ferai pas. Parce que je sais que je me ferai chier pendant des mois à jouer des choses qui ne plaisent pas, et donc où je prendrai pas de plaisir sur scène. Moi ce que je veux c'est prendre du plaisir sur scène. Si ça ne me plait pas je préfère encore retourner jouer dans des rades ou faire la manche. Quand j'ai pas de concerts d'ailleurs je continue à jouer dans les bars. Je veux m'éclater, je veux que ça swingue!!!
 Hervé Pouliquen
INFOS COMPLEMENTAIRES:
Renseignements sur le Rundek Cargo Orchestra sur le site «lesvoutes.org»
Hervé est membre fondateur de la troupe «Un vent d'Est», toutes les infos (trio «Tzar» et le reste) sur«tzigart.com».
En 2003 Hervé à participé à un CD de démo du Quintet Jazz Manouche de Fred Loizeau, accompagné d'Hervé Legeay, Félix belleau et Mathilde Febrer au violon .

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